Interview d’Anouchka Labonne pour la sortie de La dernière province – 3 : Rébellion

A l’occasion de la sortie du dernier opus de sa trilogie de La Dernière Province, nous avons interviewée Anouchka Labonne pour en apprendre plus sur elle et sa saga. 

Peux-tu te présenter en quelques mots et nous dire ce qui t’a donné envie de raconter l’histoire de La Dernière Province ?

Bonjour ! Je suis Anouchka Labonne, j’ai grandi en Bourgogne où j’ai fait des études d’Anglais littéraire et depuis quelques années je vis entre Nice et le reste du monde.

Mon envie d’écrire cette saga découle sans doute du fait que depuis très jeune j’ai beaucoup écrit de fanfictions et quant à mes histoires originales, elles étaient toutes ancrées dans un contexte historique.

La Dernière Province est mon premier texte qui se passe dans un univers qui m’appartient entièrement. Je crois que j’avais besoin de ce cadre beaucoup plus libre pour exprimer tout ce que j’avais à dire.

La trilogie rassemble de nombreux éléments qui me tiennent à cœur : l’Histoire, notamment coloniale, la fantasy dans ce qu’elle offre comme libertés de création, la question de la prostitution et du consentement, les représentations queer…

Comment t’est venu le concept de cette trilogie ?

Cette histoire est née lors d’une randonnée dans les Vosges à l’été 2018. J’étais de retour en France après huit mois de voyage, notamment à bord du Transmongolien, et pour occuper mon esprit pendant cette longue marche j’ai fait comme très souvent : je me suis raconté une histoire dans ma tête. Je fais cela depuis que je suis toute petite, et c’est bien souvent comme ça que naissent mes textes. J’ai trouvé que les enjeux qui se dégageaient de mes petites improvisations mentales étaient intéressants, que certaines scènes méritaient d’être explorées, et quand je suis rentrée j’ai tout noté dans un carnet. Le texte s’est bien éloigné de ces premières idées, mais on avait la base : un peuple réduit en esclavage, un maître mystérieux, une révolte.

Y a-t-il des œuvres, univers ou thématiques qui t’ont inspirée pour ce cycle ?

Pour ce premier jet mental, une histoire d’esclave, de maître insaisissable et de révolte, j’ai été pas mal inspirée par la trilogie Prince Captif, de CS Pacat. Il y a dans cette œuvre des thématiques qui m’intéressaient et que j’avais envie d’explorer. Mais très vite le contexte, les personnages et l’intrigue se sont développés pour former un univers très différent. Bien sûr, on retrouve des dynamiques similaires entre les personnages, le fameux enemies to lovers, un trope que l’on croise un peu partout en littérature de l’imaginaire. Mais je crois l’avoir traité à ma manière !

Comment as-tu trouvé le ton et l’ambiance pour décrire les paysages et décors ?

J’ai beaucoup pioché dans mes voyages et découvertes. Le choix de placer Sao et la Province 47 dans un univers inspiré de la Mongolie est totalement arbitraire. J’ai fortement été marquée par mon passage dans ce pays, j’avais envie d’explorer davantage cette culture. Et puis je trouve qu’il y a encore peu d’univers de fantasy qui sont inspirés d’autre chose que l’Europe médiévale, même si cela commence à bouger. Mon processus créatif est assez simple : j’aime ou suis marquée par quelque chose ? Je veux l’intégrer des mon texte ! Cela crée tout un tas de contraintes intéressantes derrière, car il faut arriver à articuler tous ces éléments ensemble pour former un tout cohérent.

Que peux-tu nous dire de Sao, le héros ? Comment évolue-t-il au fil de l’histoire ?

Sao est un anti-héros par excellence. Dès le départ, il n’est pas à sa place et il passe son temps à douter de sa légitimité. Je peux dire qu’il tient ça de moi ! Il est plein de bonne volonté mais c’est aussi un homme qui est né esclave, avec tout ce que cela peut comporter de paradoxe et d’incohérence : il rêve de sa liberté autant qu’il en est terrifié.

C’est aussi un personnage qui a grandi dans un contexte culturel avec ses a priori, ses tabous. Au fil de la trilogie il va apprendre à s’en émanciper.

C’est amusant parce que quand j’ai commencé l’écriture, Sao et moi n’avions que trois ans d’écart, mais au bouclage du dernier tome, j’avais huit ans de plus que lui. Mon regard sur lui a beaucoup changé, comme une grande sœur plus indulgente envers un jeune frère qui a encore plein de choses à apprendre de la vie.

Y a-t-il un personnage secondaire dont tu es particulièrement fière ou dont la création a été difficile ?

Je suis assez fière d’Archenias, même si en effet il a parfois été un peu difficile. Créer le mystère autour d’un personnage tout en évitant que les lecteurices s’en désintéressent ce n’est pas évident. Je voulais à tout prix éviter le coup du personnage « étrange pour de pures raisons scénaristiques ». Aussi, il a un côté problématique que j’avais besoin de désamorcer sans l’excuser non plus.

J’espère que le résultat est à la hauteur de mes ambitions !

Pour toi, qu’est-ce que la liberté ? Comment as-tu voulu la représenter dans l’écriture ?

Moi je suis comme Sao : j’ai besoin de liberté mais elle peut me paralyser. C’est ce paradoxe que j’avais envie de raconter dans la saga.

Ce qui peut faire peur dans la liberté c’est qu’elle est aussi synonyme de vide, de solitude. Quand on est totalement libre, sans aucune contrainte, c’est vertigineux. On a toustes besoin d’un jeu de contraintes, d’un chemin à suivre, pour user de notre liberté sans perdre pied. Faire tout ce qu’on veut, sans tenir compte du monde autour, ce n’est pas de la liberté, c’est une forme d’égoïsme.

C’est principalement cela que Sao découvre au fil des tomes. Être libre, ça s’apprend.

Y a-t-il un passage ou une scène qui représente parfaitement le message que tu voulais faire passer ?

Je ne pense pas avoir voulu transmettre un seul message, du coup il faudrait que je cite pas mal de moments et ça risquerait de spoiler un peu !

En revanche, je peux dire que j’ai beaucoup aimé faire évoluer Sao dans le dernier tome, notamment avec les nouveaux personnages qui font leur apparition. J’espère qu’ils plairont aux lecteurices.

Une anecdote d’écriture ou de réécriture marquante ?

On peut dire que c’est de notoriété publique (même si notoriété est un bien grand mot), j’écris énormément dans les Bubble Teas. Je suis sûre que la production de cette saga a fait drastiquement augmenter le cours du tapioca !

Pour terminer, que voudrais-tu dire à ceux qui n’ont pas encore découvert La Dernière Province ?

Je pense que c’est une saga qui peut plaire à beaucoup de monde : si vous aimez la fantasy, les récits d’aventures, les romans historiques, la romance… il y a un peu de tout ça dans La Dernière Province. Et puis j’ai essayé de représenter un univers qui ne s’embarrasse pas avec le patriarcat et l’hétéronormativité, c’est un peu reposant !

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