Peux-tu te présenter pour les lecteurs qui ne te connaîtraient pas encore et nous expliquer rapidement ce qui t’a amené aux littératures de l’imaginaire ?
Je suis tombé dans la SF quand j’étais petit ! Peut-être Jules Verne fut-il mon premier inspirateur dans ce domaine, difficile de le dire. Dans les années ’70, j’ai commencé à lire tout ce qui me tombait sous la main dans ce domaine (Fleuve Noir Anticipation, Présence du Futur, Club du livre d’anticipation, etc.) ce qui représentait une centaine de livres par an.
J’ai créé mon propre fanzine (VOPALIEC SF) dans les années ’80, commencé à fréquenter les conventions nationales de SF (seule manifestation de ce genre existant à l’époque), puis organisé celle de 1985 à Angers.
En parallèle j’écrivais tout et n’importe quoi : impubliable, bien sûr !
La lecture enrichit l’écriture. La pratique de l’écriture enrichit le savoir-faire. De gribouilleur je suis devenu nouvelliste. Je publiais dans divers fanzines du domaine de l’imaginaire.
En l’an 2000, j’ai eu la satisfaction d’être dans les 5 gagnants d’un concours organisé par les éditions du Seuil. Ce fut ma première publication professionnelle (je veux dire avec un vrai contrat où on vend son âme).
Mes rencontres avec les éditions Voy’el en 2010 et avec le collectif Cocyclics (écrivains de l’imaginaire pratiquant la bêta-lecture) en 2011 m’ont été plus que profitables. Plusieurs de mes nouvelles ont été publiées en anthologies, puis des romans et des recueils chez Voy’el.
Je ne sais donc pas vraiment ce qui m’a amené à la SF et au Fantastique, mais je sais ce qui m’y fait rester : l’imagination !
Rencontres improbables mêle des genres variés : science-fiction, fantastique, uchronie… Pourquoi avoir choisi le thème de la rencontre pour ce recueil ? Comment as-tu sélectionné les nouvelles qui le composent ?
Avoir un texte publié en anthologie, c’est très gratifiant. De plus, on côtoie dans un même livre un tas de gens fort sympathique avec qui parfois des liens se créent. Mais, depuis quelques années, j’éprouve le besoin de rassembler tous ces textes dispersés dans des recueils thématiques, en les retravaillant, bien sûr, car certains ont un peu vieilli, et en rajoutant quelques inédits. Deux de ces recueils ont déjà été publiés chez Voy’el : Héroïnes pour demain et après dans le domaine de la Science-Fiction, et Fantômes, créatures, et territoires étranges dans le domaine du fantastique. Après cela, il me restait encore des textes à rassembler, et qui me tenaient à cœur dans des domaines assez variés de l’imaginaire.
J’avais depuis quelques années cette idée de la rencontre qui sous-tend plusieurs de mes thèmes. La sélection ne fut pas vraiment simple, car certains textes ne me semblaient pas suffisamment aboutis et auraient nécessité trop de travail de réécriture. Pour d’autres, le thème de la rencontre n’était pas évident au premier abord. Au final, je me suis rendu compte que ce thème était présent dans la plupart des œuvres littéraires, et était à l’origine de leurs nombreuses péripéties.
Pour rester dans mon domaine de prédilection, il fallait bien sûr que ces rencontres soient « improbables ». Les variations sur ce thème sont d’une richesse infinie.
Peux-tu nous parler de la nouvelle « Un millionième de seconde d’arc » ? L’uchronie est un genre qu’on apprécie beaucoup chez Voy’el : pourquoi ce genre t’attire-t-il, et qu’est-ce qui rend cette nouvelle spéciale pour toi ?
À l’origine, cette nouvelle a été écrite pour un appel à texte sur le thème de l’uchronie. N’étant pas suffisamment compétent en Histoire, je ne me sentais pas apte à me lancer dans une uchronie historique. J’avais de fortes chances de me prendre les pieds dans le tapis. En revanche, l’astronomie est une de mes passions, ce qui m’a donné l’idée de prendre un point d’inflexion très loin dans le passé de la Terre. Pour le reste, c’est bien sûr de l’humour, de la satire, et un peu d’amour sans lequel il n’y a pas de « rencontres » humaines.
Y a-t-il une « rencontre » fictive (personnage, créature, événement) qui t’a le plus marqué en écrivant ce livre ?
Je suis amoureux de toutes mes héroïnes ! Mais peut-être plus particulièrement de Ludivine, de sa naïveté et de sa sympathique obstination (Les enfants de Servadac), d’Elowyn qui navigue entre les dimensions (Un personnage de papier) et (faut-il le dire ?) d’Aphrodite : vous saurez pourquoi en lisant Discorde.
Qu’aimes-tu dans le format court ? Y trouves-tu une liberté différente que dans le roman (Caraïbes Force 15, Le fou qui volait la tête en bas, etc.) ?
La nouvelle me semble un exercice indispensable à tout écrivain qui se respecte, n’en déplaise aux jeunes dont le premier roman est… une trilogie !
Entendons-nous : la nouvelle n’est pas un roman en raccourci. Elle ne doit pas donner l’impression que c’est un extrait de quelque chose de plus vaste. Elle doit contenir tout ce qui est nécessaire à son intrigue, à son dénouement (même s’il peut être ouvert). Malgré sa brièveté, elle doit offrir des personnages attractifs, des rebondissements, un décor adapté. Tout ceci n’est pas aussi détaillé que dans un roman, mais doit exister.
C’est un excellent moyen de synthétiser ses idées, d’avoir un retour de lecture rapide, etc.
Pour ma part, j’aime bien les nouvelles à chute : un jeu avec le lecteur dont je ne me lasse pas.
Une anecdote de création ou de réécriture autour d’une des nouvelles ? Une scène ou une idée qui t’a surpris toi-même ?
Comme un écho de l’histoire est un texte que j’ai voulu poétique autour des fouilles qui ont été entreprises autour des châteaux de Lastours (proches de Carcassonne) à la fin des années ’90. J’ai revisité les lieux plus récemment, ce qui m’a permis de répondre à la question que je me posais à l’époque sur l’aménagement touristique de l’endroit, et de compléter la fin de ce texte en conséquence.
Si tu devais lire un court extrait pour donner envie aux lecteurs de découvrir le recueil, lequel choisirais-tu ?
Un extrait de Fluide et féminine (une histoire de terrorisme nucléaire tout en contrastes) :
« La jeune femme baissa la tête. Encore quelques secondes… Se soustraire au carnage, aux officiels en quête de coupables, aux badauds, aux journalistes… Son regard s’arrêta sur la flaque d’eau qui tourbillonnait à ses pieds. Le jeu du vent sans doute. Elle ferma les yeux. Se concentra.
Sonia sans nom, membre d’élite d’une section d’intervention sans existence qui ne recevait ses ordres que du président de la République ! Sonia “la teigneuse”, entraînée à agir en n’importe quel endroit de la planète, à n’importe quel moment. Sonia sans foi ni loi, mais altruiste, femme et sensible. Parce que, parfois, la fin justifie les moyens. Parce que, parfois, il faut être impitoyable pour que l’humanité ait une chance – et se réserver des instants pour pleurer. En dépit des mesquineries du genre humain, Sonia croyait en l’avenir. Elle se donnait au maximum pour que le pire n’arrive pas.
Aujourd’hui, cela commençait mal ! »
Peux-tu nous dire sur quoi tu travailles en ce moment ?
Sur un thriller futuriste, Le simulateur détraqué.
Ce qui ressemble au départ à une « simple » guerre économique entre les trois plus grandes industries spatiales du monde (avec son lot de coups bas bien tordus) pourrait bien sonner le glas de l’humanité.
Mais qui tire les ficelles ?

